Un GPS ne s’y retrouverait pas

C’est une chose de commencer à connaître la ville et de savoir se repérer malgré l’absence totale de plan dans toute la ville, c’en est une autre de connaître chaque rue. Lorsque je prends le taxi ou que j’ai un rendez-vous dans la ville, je fais donc confiance au chauffeur et/ou à mon plan adoré.

Mais le système liménien a déjà eu raison de moi plusieurs fois. Je me trouve dans la bonne rue, je cherche le numéro que j’ai noté et à cet emplacement il y a juste un immeuble ou plus frustrant encore, rien du tout vu qu’à Lima les numéros des rues ne se suivent pas (ils sont quand même par ordre croissant, je vous rassure). Après avoir pris mon courage à deux mains pour demander à un Péruvien du coin ou à un des agents de sécurité qui fait sa ronde, je me rends à l’évidence : ce n’est pas ici. Et la raison s’avère à chaque fois la même (deux fois pour l’instant) : je me suis trompée de quartier. Parce qu’à Lima, plusieurs rues peuvent avoir le même nom. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Et je ne parle pas des nuances entre rue, avenue et autres qui permettent à un même nom d’être donné à plusieurs voies d’un même quartier. Pratique sachant qu’ici personne ne dit « avenida Arequipa » mais « la Arequipa ». C’est donc parfois un peu problématique pour des novices comme moi quand plusieurs rues du même quartier ont le même nom, surtout que personne ici ne ressent le besoin de préciser de laquelle il s’agit.

Le record est décerné à la rue Santa Rosa qui se décline en 73 exemplaires (oui oui, j’ai compté). L’unique solution est donc de connaître un minimum. Quand le nom d’une rue est inscrit sur un bus, c’est à nous de savoir de laquelle il s’agit ou l’on risque de se retrouver à un endroit qui n’a rien à voir avec celui que l’on cherche. J’ai déjà expérimenté la honte de demander à un taxi « à la rue Tacna s’il vous plaît, enfin pas celle où nous sommes mais l’autre », ce qui révèle quasiment explicitement mon erreur. Reste encore quelques progrès à faire…

J’ai été brichérée !

Alors que vous me demandez tous si j’ai trouvé l’amour au Pérou, vous ne vous rendez pas compte des dangers qui me guettent dans ce pays ! Il existe ici le phénomène des « bricheros ». Ce mot désigne les Péruviens (et surtout Péruviennes) qui tentent de séduire des étrangers pour en tirer profit : se faire offrir à boire, se faire entretenir et surtout sortir du pays. Le terme vient du mot « bridge » et le bridge en question, c’est une innocente personne en quête d’exotisme, potentiellement moi donc !

Plusieurs études sociologiques portent déjà sur le sujet. Un chercheur de mon labo ainsi que plusieurs Péruviens que j’ai rencontrés m’ont déjà parlé de la chose. Le brichero fréquente les lieux touristiques, Cusco principalement mais Miraflores aussi, en quête d’un(e) étranger(e) ayant une situtation financière correcte afin de le(la) séduire. Cette pratique au Pérou se caractérise par une mise en valeur du mysticisme associé au pays. Les bricheros s’habillent donc souvent avec des motifs rappelant les tenues traditionnelles et portent des bijoux ethniques, ce qui attire davantage le touriste moyen venu, consciemment ou non, se ressourcer dans ce pays au passé si envoûtant. N’allez pas croire pour autant que les jouerus de flûte de pan à Denfert sont des bricheros! Il y en a ici aussi et qui n’ont nulle intention de séduire plus que par leur maniement de ce bel instrument! Non, le brichero fonctionne avec des codes particuliers et possède même un groupe de pairs.

Enfin tout cela me semblait assez loin de mon quotidien. Jusqu’à ce que, vendredi soir, un ami d’ami me propose (beaucoup trop) insistamment des cours de salsa. En parlant avec d’autres filles de mon entourage, je me suis rendue compte qu’il s’était systématiquement intéressé aux études que nous faisions et avait essayé différentes approches auprès d’elles pour obtenir des contacts et communiquer même une fois que nous serons rentrées dans nos pays respectifs. Le doute plane toujours mais il y a de fortes chances que ce soit un brichero. Le choc !
A moins que ce soit juste mes talents de danseuse de salsa qui l’aient fait chavirer…

Let’s go to the mall !

Petite après-midi de flânage au centre commercial de Miraflores. Un peu au Sud de l’endroit où je vis, il y a cet endroit qu’on appelle Larco Mar. La place en elle-même est impressionnate avec ses constructions modernes et ses jets d’eau. Au milieu trônent les vaches dont j’avais déjà parlé, c’est vraiment joli. Dès qu’on descend un peu de la place, on entre dans un grand complexe avec plein de boutiques, plein de cafés, plein de salles de ciné et même plein de discothèques. La grosse valeur ajoutée est que le tout est construit au bord de l’eau et qu’il y a une grande baie vitrée qui donne directement sur la plage. On peut donc prendre un café au bord de l’océan… pour se reposer d’une après-midi de shopping harrassante !

Je suis restée ébahie de trouver un lieu si européen. Il y a même un Starbucks, ce qui est une denrée rare dans ce pays (aussi étonnant que cela puisse paraître à une Parisienne). Bien sûr la majorité des gens qu’on y croise sont blancs, beaucoup sont des touristes. Il y règne une atmosphère un peu artificielle. Tout le monde semble content. En cette période de fin d’année, cette ambiance est renforcée par les décorations et les musiques de Noël. Disneyland n’a qu’a bien se tenir !
Tout est évidemment plus cher qu’ailleurs dans la ville. A commencer par le parking qui est ici un luxe. Même si tout le monde ruse en faisant tamponner son ticket au cinéma pour avoir une réduction (on est toujours au Pérou, ne l’oublions pas).

Pas vraiment un endroit qu’on peut qualifier d’authentique mais une bonne adresse pour les semaines à venir. Possible que j’y retourne y faire ma liste à envoyer au Père Noël…

Blop

La chance, aujourd’hui j’ai eu un dessert offert avec mon menu du midi. Bonne suprise : de la gelée ! Ils en raffolent ici. Il y a des rayons remplis de solution à diluer au supermarché et tous les petits vendeurs exposent leur gelée plus ou moins maison et rivalisent en couleurs. Le jaune et le rouge (fluos) restent les grands gagnants en général.

J’ai personnellement eu le droit au jaune. Par devoir, je me suis dit qu’il fallait que je goûte. Qui sait, peut-être que j’allais avoir une révélation ? Il s’est avéré que non. Goût chimique comme on pouvait s’y attendre et texture vraiment pas révolutionnaire. J’ai quand même fini mon petit bol, pour me donner bonne conscience et me dire que désormais je n’avais plus besoin d’en remanger.
Dans la série gélatineux mais déjà plus local et plus recherché, ici il y a beaucoup de mazamorra morada. Goût très difficile à décrire mais bien meilleur que celui de la gelée industrielle.

Souvent servi avec un pointe de cannelle (dans un verre en plastique plus qu’une belle coupelle comme celle de la photo), je trouve que c’est vite écoeurant parce que très dense. Mais, les goûts et les couleurs sont dans la nature, alors que les curieux essayent la recette !

La grandeur du petit écran

Tout bon foyer à un sacro saint téléviseur. Il y en a deux dans la maison où je vis. Elégamment affalée sur le canapé, il m’arrive donc de la regarder. Enfin tout compte fait, je regarde plus de publicités que de films/journaux/séries. Toutes les cinq minutes le programme est interrompu pour de la pub : bande annonce de ce qui va passer ensuite puis « commerciales », toujours les mêmes en plus. Ce qui peut s’avérer parfois énervant.
Autre détail frappant : la couleur des gens. Ils sont en grande majorité blancs. J’avais déjà remarqué cela sur les affiches publicitaires mais à la télé c’en est marquant. A croire que ce qui fait rêver la ménagère et ce qui va la faire acheter son produit vaisselle, c’est que ce soit utilisé par un individu de type caucasien. Je constate tout de même que cela est déjà moins vrai pour les fameuses « telenovelas ».

Mais la télé d’ici a un gros atout : son nombre de chaînes… plus d’une vingtaine ! Et sans compter le câble. De quoi faire pâlir notre TNT. Non pas que le Pérou soit extrêmement productif en termes de programmes (il a bien sûr sa Nouvelle star et toutes les autres émissions qui font la fierté d’un pays) mais de nombreuses chaînes étrangères sont disponibles.

J’ai donc le loisir de regarder des matchs de football mexicains ou des séries américaines (ce qui normalement devrait provoquer de la jalousie). Les chaînes from US sont entièrement sous-titrées, ou doublées pour les pubs. Très perturbant quand par fatigue, je lis les sous-titres en espagnol d’un film en anglais.

Ma petite cantine

Les tous premiers jours, interdiction formelle de manger « dans la rue ». Mais maintenant que j’ai passé ce cap, j’adore aller grignoter quelque chose chez les marchands ambulants et surtout déjeuner dans un « comedor ».

Il faut faire attention à ne pas aller dans un endroit qui ait l’air trop sale ou trop peu cher (tous les étrangers ont leur histoire personnelle à raconter sur une indigestion provoquée par un plat douteux). Enfin, c’est comme partout, s’il y a des mouches qui volent au-dessus des plats, on passe son chemin.
Une fois le lieu choisi, souvent en fonction de sa clientèle, on s’intalle. A peine arrivé qu’il faut déjà commander. On choisit alors à la hâte parmi les plats inscrits au feutre sur l’ardoise. Je dois d’ailleurs souligner l’étonnant changement permanent des plats proposés : dans le comedor le plus proche de chez moi, tenu uniquement par des retraités ce qui donne évidemment une dimension ultra-mignonne au lieu, il y a sept plats différents qui changent tous les jours ! Je dois donc demander systématiquement à quoi correspond le tiers des noms, mais j’imagine qu’au bout d’un moment les mêmes plats reviendront… Même s’il est probable que j’oublie des noms qui m’ont déjà été définis.
En général, on est servi assez vite. il n’est pas rare de recevoir son « segundo plato » alors qu’on est encore en train de manger la « entrada ». Normal. Au centre de la table, la carafe de refresco dont le parfum change aussi avec les jours et l’aji. Attention à ne pas en abuser, même si les Péruviens vous assureront que ça va avec tout.

Rien de spécial dans le déroulement du repas si ce n’est cette manie qu’ils ont de toujours mettre du riz et un autre féculent (pomme de terre, yuca, patate douce). Même si à chaque fois je me dis que c’est trop, je finis toujours par vider mon assiette. Pour le plus grand bonheur du (petit et vieux) serveur.

5 sur 5

Une des premières choses que j’ai achetées a été un téléphone portable. Par optimisme relationnel évidemment (oui je vais me faire plein d’amis), par ambition professionnelle (oui je vais devoir être joignable à tout moment) et peut-être par manie parisienne (oui c’est quand même rassurant d’en avoir un).
Ici c’est pas cher, très simple à recharger (à coups de 2,5 €). Bref, je suis rapidement passée pro !
Reste après à apprendre mon nouveau numéro. A comprendre que dans ce pays, il est normal que les numéros de téléphone fixe et les portables n’aient pas le même nombre de chiffres et que quand on appelle dans une autre région il faille mettre un préfixe… même sur les portables ! De quoi me souvenir du bon vieux temps où j’écrivais le (1) avant mon numéro de téléphone en France.
Mais, les Péruviens ont quand même quelque chose de totalement inédit pour moi petite Française : le Nextel. En apparence, il s’agit un téléphone normal. Un peu moche, avec une grosse antenne mais rien de révolutionnaire.

Mais, la beauté de la chose est qu’il fait talkie walkie ! Sous réserve que le correspondant ait aussi un Nextel, on peut donc l’appeler en mode talkie walkie, à un prix tout tout petit. Rien de plus normal que de communiquer comme ça chez les jeunes. Une fois acquis le réflexe d’appuyer sur le bouton pour pouvoir parler, c’est assez drôle. Enfin j’imagine qu’ils s’en sont lassés, moi toujours pas.
Le concept fonctionne du tonnerre. Et pas seulement chez les jeunes. J’ai vu plusieurs véhicules professionnels où étaient écrits le numéro de téléphone normal et le numéro Nextel. La boîte s’est donc fait un petit empire ici.

Et tout le monde me regarde avec des yeux exorbités quand je dis que ça n’existe pas en France. Je perçois à chaque fois une certaine désillusion sur notre beau pays…

La feinte de la Lune

Découverte de la semaine : la Lune n’est pas dans le même sens dans cet hémisphère !! Et elle n’est pas non plus dans le sens inverse que celui que je connaissais.

J’ai donc passé une soirée à lever les yeux vers le ciel, la bouche ouverte, pour contempler ma découverte. Le fait que je ne m’en rende compte que maintenant est d’ailleurs assez révélateur de l’amour qui existe entre Lima et les nuages (pour l’instant).
Donc oui, la position de la Lune dépend d’où on la regarde. Les étoiles aussi, mais vue mon mon expertise dans ce domaine, je crois que je vais être beaucoup moins perturbée.
Enfin, cette histoire de Lune donne quand même l’impression d’être observée par un Dieu au sourire bienveillant ou moqueur (selon le degré d’optimisme). Je ne peux pas m’empêcher de penser au chat dans Alice au pays des merveilles.

Stressant

Il est bizarre ce sol …

Je savais que Lima était située à un point de rencontre entre deux plaques (les Andes ne sont vraiment pas loin après tout) mais je n’avais jamais réalisé qu’un tremblement de terre était susceptible d’arriver.
Première prise de conscience, les chercheurs qui sont à l’IFEA travaillent sur le sujet (rapport entre zones à risque et infrastructures existantes pour ceux que ça intéresse). Deuxième prise de conscience beaucoup plus tardive, tous ces petits panneaux qui pullulent :

S comme séisme bien sûr. Si jamais ça tremble, il suffit de chercher le plus proche (je n’en ai pas vu dans mon quartier… mais je ne crois pas qu’il y ait vraiment de risque) et de s’y abriter.
Enfin, ultime prise de concience hier, répétition générale à la fac pour vérifier que l’évacuation se déroule comme il faut. Bon, l’expérience est un peu biaisée sachant que des grands panneaux annoncent la répétition dans toute la fac.

Opération prévue pour 12h30, à 12h20 les agents de la sécurité commencent à s’agiter, prêts à dégainer leur sifflet. A 12h30 tapantes, l’alarme est déclenchée et nous nous dirigeons nonchalamment vers les « S ». Un peu bidon, comme nos répétitions d’alerte à incendie, sauf que ça fait bizarre de se dire que c’est pour un potentiel tremblement de terre.
Effet collatéral : tout le monde à la cantine en même temps après. La belle organisation péruvienne !

Rock it chico

Aujourd’hui j’ai testé le concert de rock à Lima. Depuis mon arrivée, tout le monde ne parle que de la venue de The Killers. On me propose d’y aller, je saute sur l’occasion. J’ai donc acheté mon billet une semaine avant la date, sans problème et à un prix péruvien.

A part ce petit détail sympathique, ça ressemble beaucoup aux concerts de chez nous. C’était à l’extérieur, dans un stade un peu excentré dans la ville. Marée humaine, routes barrées, taxis dans tous les sens et longues files d’attente. Excitation maximale bien sûr pendant que j’attends pour rentrer à l’intérieur, un peu cassée par les enfants qui viennent me proposer des caramels ou des bières. Les Péruviens sont des gens très bien élevés, on ne pousse pas, on ne double pas, on ne chante pas à tue-tête dans la l’oreille de son voison mais on est tous contents d’être là. Assez rapidement, je rentre dans l’antre. Personne ne regarde dans mon sac, personne ne me fouille, c’est tout juste si l’on déchire mon ticket (non j’exagère, il y a eu un double contrôle). Puis tout se passe comme par chez nous. Hystérie maximale pour la première chanson (Human) puis on chante tous les paroles en choeur. Les filles ont des voix suraiguës et montent sur les épaules des valeureux garçons. J’ai bien apprécié habiter dans un monde de petits ce soir, même si je n’ai aperçu le groupe qu’en miniature au loin (merci les grands écrans).

Un peu plus d’une heure et demie de bonheur. Ambiance de folie, surtout quand le chanteur a embrassé le drapeau du Pérou, je vous laisse imaginer. Une petite bière achetée au passage (le gros avantage comparatif du Pérou : pas besoin de faire la queue pour en avoir une et elles sont vendues, en plein milieu du concert, à 8 soles la pinte, soit 2 euros à peu près, incroyable!). Fin du concert beaucoup trop rapide, on entonne un petit « otra, otra » exactement sur le même air que notre cher « une-autre, une-autre ». Puis re-marée humaine, re-des Péruviens qui vendent des t-shirts ou des hot dogs et re-la galère pour trouver un taxi. Mais tout le monde est content et refait les meilleurs moments du concert avec son voisin. Comme chez nous quoi…